J’ai toujours été très soucieux de ces questions de productions locales, j’ai participé à la création des premières associations pour le maintien de l’agriculture paysanne, les AMAP dans l’Aude d!s 2004. La clé de cette réflexion c’est la souveraineté alimentaire. Il fallait fixer les dépenses alimentaires sur le territoire pour encourager les producteurs à passer en bio, en offrant des débouchés sécurisés. Très vite les AMAP ont eu beaucoup de succès, et je me suis vu me rendre à Toulouse pour trouver les maraîchers qui pouvaient nous fournir. Et là je me suis dit, mais on va déshabiller Toulouse pour servir Castelnaudary. Il y a un vrai problème.
Oui, il fallait réagir. Savez-vous qu’aujourd’hui 80 % des achats alimentaires sont réalisés en grande surfaces ? et vous savez combien les grandes surfaces on de stocks ? Quatre jours. Quatre petits jours. Imaginez un peu maintenant une catastrophe de grande ampleur. On peut évoquer une cyberattaque qui bloquerait tout, une grève très dure des transporteurs, que se passe-t-il au bout de quatre jours ? Très concrètement, on l’a encore vu il y a quelques jours avec l’essence, il y a panique, on pille les magasins et on finit par se taper dessus. J’ai mené cette expérience pour ramener la question alimentaire dans le champ politique, parce que c’est une question éminemment politique. Mais on l’a sortie pour la confier à Leclerc et aux autres… Au moment où j’ai mené l’expérience le mot n’existait pas en France, il est ensuite entré au dictionnaire.
Non, nous sommes encore loin du compte au regard de l’enjeu. Ce qui est fait c’est peanuts. Pourtant, à mon avis, chaque secteur pourrait apporter sa pierre à l’édifice pour augmenter la résilience alimentaire de nos territoires. La restauration commerciale pourrait privilégier le local, en expliquant pourquoi et comment, et le client pourra alors lui aussi entrer dans cette démarche. Il n’y a qu’en créant cette demande que l’offre se créera, j’en suis sûr. Il faut que nous refassions ce qui a été défait depuis 40ans !